vendredi 30 avril 2010

- Today it's raining.







J'veux pas qu'on s'épuise , a tout m'expliquer
Laissez-moi des surprises , laissez-moi rêver
Et m'enivrer de rires , et m'enivrer d'un rien
Je veux passer la vie , à n'être qu'un matin.






jeudi 29 avril 2010

- Happy End.

Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,
Faire taire les pianos et les roulements de tambour
Sortir le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors
Dessinent ces trois mots Il Est Mort,
Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices
Ganter de noir les mains des agents de police

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est, mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l'amour jamais ne finirait : j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye
Démonter la lune et le soleil
Vider l'océan, arracher les forêts
Car rien de bon ne peut advenir désormais.

Funeral Blues, de WH Auden.

mardi 27 avril 2010

- [...] I want to exorcise the demons from your past.


Cela commence par une haine de l'injustice, et de soi-même. Sortir de sa chambre et lui dire enfin tout ce que j'avais ruminé durant ces vacances. Un acteur de théâtre ne pouvait mieux connaître son texte que moi à cet instant. Je vivais toutes ces phrases que je lui jetais à la figure avec mépris et insolence surtout. Se moquer, c'est tellement facile. Tourner l'autre en dérision en le rendant ridicule, rien de plus simple finalement. Ah, vous disiez que je n'avais aucune répartie ? Perdu. J'ai utilisé un ton, un timbre de voix, de plus en plus agressif. Je hais l'injustice, simplement. Habituellement on ne trouve l'excellente répartie qu'une fois l'offensive passée et enterrée. On est déçu de ne pas l'avoir eu sur le bout des lèvres avant, car elle était poignante cette phrase-là ! "Ah si j'avais pu lui dire ça quand il était encore temps de lui en mettre plein la face !". Mais non. Les claques les plus mesquines, les plus cruelles, et les plus blessantes ne viennent qu'un moment après, alors que le feu est éteint et que les armes sont rengainées. Pas cette fois, pas après y avoir tant réfléchi. Mon texte était parfait. Pourquoi attendre un instant de plus ? Je m'y étais préparée, j'étais prête à l'affronter pour un grand final éclatant. Chose faite. Même après deux semaines de silence. Tant pis. Ce qui devait être dit l'est désormais, cartes sur table. Pas de gagnante, ni de perdante. Juste de la déception dans les deux clans. Et une impatience d'en terminer avec tout cela, de quitter ces lieux de discorde et de médisance, et partir, ailleurs, loin. Les gens sont horriblement décevants. Ou alors est-ce moi qui change de vision ? Je ne sais pas. Ce qui est certain, c'est que je hais l'injustice. Et apprendre de sa bouche que d'autres critiques se faisaient dans notre dos fut la cerise sur le gâteau. Je n'ai plus rien à faire ici.

Après on a eu cette sensation d'être au sommet de notre jeunesse et de notre liberté. On se serait cru dans une série américaine adolescente. Et ils m'ont fait rire, juste ce qu'il fallait. Sur cette pseudo-terrasse aménagée, un poil d'insouciance et un brin d'humour, cigarette au bec et interpellant les passants nocturnes qui nous souriaient discrètement. Il n'y a pas meilleur remède ici que je connaisse.

Puis se retrouver seule dans un amphi. Enfin pas seule à proprement parler puisque celui-ci était rempli. Mais c'est une sensation bien étrange qui naît au creux du ventre quand on se sent délaissé au milieu d'un espace plein de gens. Une rotation cervicale à gauche. Rien. Une rotation cervicale à droite. Toujours personne. Alors quand je vois ces "bandes", ces "groupes", qui se forment et qui ne se lâchent plus, blagues après blagues, rires après rires, soirées après soirées, jours après jours, je suis jalouse. J'ai toujours rêvé de faire partie d'une vraie bande, dans laquelle on aurait des surnoms, une façon de se saluer rien qu'à nous et des blagues que nous seules pourrions comprendre, basées sur des souvenirs de vacances, de soirées, de repas, en commun. Et pas uniquement des soirées hebdomadaires desquelles on ne se souvient finalement que très peu. Mon père ne m'ayant guère encourager dans la création des liens amicaux a très justement résumé mon sentiment et ma situation par cette simple phrase : "Maintenant tu te sens seule ? Mais ce sera toujours comme ça, il faudra que tu avances seule car tu ne peux compter que trop peu sur les autres".

Photo : vieux amis.

jeudi 1 avril 2010

- Je n'ai rien pour te faire rire, que ma bonne gueule ma foi.

Toutes ressemblances ou allusions avec des personnes, des dates, des lieux réels ne sont pas, au travers de ces lignes, de pures coïncidences.

C'est un récit à propos d'une connaissance.
Non, ce n'est pas exactement ça.
Alors c'est le récit d'un hasard.
Non, cela ne peut être uniquement le fruit du hasard.
Recommençons.
C'est un récit à propos d'un dialogue.
Pas seulement une affaire de discussion.
C'est alors un tour joué par destin.
Je ne crois pas au destin, trop fataliste comme idée.
Finalement, c'est le récit d'une rencontre, et uniquement cela.

*

Dans les mégalopoles il est rare de trouver assez de courage pour discuter avec des inconnus. Bêtement, nous avons, je crois, constamment peur de "déranger" les gens, par notre simple présence tout d'abord. Puis de les ennuyer. Et enfin de ne pas assez les intéresser pour qu'ils restent en notre innocente compagnie. Quels amis avons-nous ainsi jamais connus ? A côté de combien d'occasions d'élargir notre répertoire sommes-nous passés ? Qui sait. Pour une simple histoire de temps, de courage, et de mots.

*

Mais le récit de cette rencontre ne prend pas place dans une mégapole fourmillante de visages, où nous n'avons pas le choix d'être, au quotidien, noyé dans une foule respirant uniquement le mépris de la gente humaine, quelle qu'elle soit. Cette histoire se déroule dans une ville du Sud de la France. Vous savez très bien de quel lieu je peux parler, vous avez forcément une ou plusieurs idées derrière la tête. Oui, c'est bien là. Il m'est donc inutile de vous passer en revu cet accent si prononcé, ce soleil chatoyant, ces cigales mélodieuses et ces mœurs, si particulières, mais pour lesquelles n'importe quel être humain est naturellement fait. Ce n'était pas une rencontre programmé, différente de ce qui aurait pu être communément appelé "rendez-vous". C'était bien plus que cela. Et cela n'avait rien de commun ou de banal.

(à suivre...)