mardi 22 décembre 2009

- I'll never wake up without an overdose of you .










« Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un œuf. Il faut croire que je n'étais pas indispensable. J'aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu'un. A propos, je t'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance. »











vendredi 18 décembre 2009

Apparences.

Séquence 1 : Métro parisien / Intérieur – Jour.

Un grand nombre de citadins et de touristes se pressent sur le quai du métro. Les gens se bousculent pour rentrer dans les wagons bondés. Un bel homme mince d’une trentaine d’années, élégamment vêtu d’un costume et à l’allure élancée, est appuyé contre un mur. Il observe, lassé, la foule bruyante qui se mélange sur le quai. L’homme se passe la langue sur les lèvres de manière hautaine, levant un sourcil et le menton, méprisant du regard un enfant qui s’est approché de lui de trop près. Il sort la main de sa poche et, d’un geste vague, éloigne le petit garçon de lui.


Séquence 2 : Rue passante / Extérieur – Jour

L’homme est dans les escaliers d’une bouche de métro, il avance, pressé, une mallette à la main. Il soupire et est stoppé dans son élan à cause des gens devant lui qui ne marchent pas aussi vite. Il piétine sur place, lève les yeux au ciel, gonfle d’air ses joues avant de souffler un grand coup d’agacement. L’homme parvient à se frayer un passage parmi la foule, jouant des coudes, de force. Arrivé en haut des escaliers, il part rapidement droit devant lui, sa silhouette élancée disparaissant au détour d’une rue, le son de ses pas s’éloignant.


Séquence 3 : Rue passante / Extérieur – Jour

Mallette à la main, l’homme sort précipitamment d’un immeuble et se rend dans le jardin public en face de lui, au pied de l’habitation. Il s’assoit lourdement sur un banc, croise les jambes et observe les gens présents avec lui : des enfants surveillés attentivement par leur mère, un couple de personnes âgées nourrissant des pigeons, un adolescent à la mine triste aux écouteurs dans les oreilles. En passant son bras par-dessus le dossier et se retournant, il voit entrer un balayeur public qui avance tranquillement, malgré ses coups d’œil furtifs jetés de chaque côté. Celui-ci est plutôt rondouillard, des cheveux frisés noirs tombant sur son visage aux joues gonflées. Il marche courbé, la tête rentrée entre ses épaules, ne cessant de jeter des regards plissées autour de lui. Il pousse un chariot contenant le nécessaire pour son métier : balais, râteaux, pelles… Le balayeur avance en direction de l’homme en costume. Il s’en approche, s’arrête un instant, fronçant les sourcils de sa figure pâteuse, et reprend son chemin. L’homme à la mallette l’observe qui s’avance, étonné mais ignorant ses regards insistants. Le balayeur l’interpelle, mais fixe droit devant lui tout en lui parlant.

LE BALAYEUR (avec un fort accent russe, chuchotant, discret)

Dîtes-moi, clair-obscur ?

L’HOMME (surpris)

Pardon ?

LE BALAYEUR (agacé)

Clair-obscur ?

L’HOMME (dédaigneux)

Très bon choix.

Le balayeur bondit en avant, sort un paquet de son manteau et le donne à l’homme en costume. Il s’en va, trottinant de plus en plus vite. L’homme examine le mystérieux paquet sur lequel est inscrit maladroitement en lettres rouges : RUSSIA. Il relève aussitôt la tête et cherche des yeux le balayeur qui n’est plus visible. Il retourne plusieurs fois le paquet dans entre ses mains, le faisant tressauter et le portant à son oreille en le secouant rapidement. Le trentenaire se lève, ouvre sa mallette qui cliquète et essaie de ranger le paquet à l’intérieur mais celui-ci est trop imposant.


Séquence 4 : Rue passante / Extérieur – Nuit.

La nuit tombe, les rues passantes se font sombres et désertes. L’homme marche vivement, le paquet serré sous le bras, aux aguets du moindre bruit. Une ombre se profile sur le mur en face de lui. Il prend peur et se retourne. Rien. Il resserre l’étreinte du paquet et reprend son chemin. Des bruits de pas se font entendre. L’homme lève les yeux, serrant le paquet contre son cœur. Il se met à courir droit devant lui dans la rue pavée. Il s’arrête au détour d’une rue, essoufflé et s’essuie le front ainsi que les cheveux d’un revers de main. Des passants l’observent, à la fois surpris, et inquiets. L’étrange ombre réapparaît sur le mur à ses côtés. Apeuré, le trentenaire reprend sa course, se tenant le côté, trop fatigué pour courir normalement il boîte discrètement. D’une main il défait le col de sa chemise et enlève sa veste sans lâcher le précieux paquet. Il parvient à un pont. Il s’approche de la balustrade, tendant le bras qui détient le paquet au-dessus de l’eau sombre et agitée. Il grommelle une phrase inaudible, agite le paquet au-dessus du vide violemment avant de secouer nerveusement la tête et de le remettre sous son bras. Il reprend sa route plus tranquillement. Alors qu’il marche dans une ruelle, un craquement puis un coup de feu se font entendre. L’homme en costume chute et du sang provenant de son dos s’écoule sur les pavés. Un jeune garçon sort de l’ombre, se saisit du paquet gisant sur le sol et s’enfuit. Des personnes sortent des habitations environnantes en poussant de grands cris de surprises et de terreur. Une foule affolée commence à se former autour du cadavre. La mallette de l’homme s’est ouverte en tombant, à l’intérieur des flacons de parfum sur lesquels est inscrit : Clair-Obscur.


FIN

mardi 15 décembre 2009

She offers me protection, a lot of love and affection when I'm right or wrong.

Quelqu'un a dis un jour que "chaque journée est à vivre comme une aventure", à bien y réfléchir il est vrai que ces temps-ci il m'est arrivé un tas de péripéties (l'ironie est difficile à percevoir par écrit, mais elle est souvent présente). Rêver que j'avais une histoire de coeur avec un copain de cours, quel malaise quand je l'ai vu aujourd'hui d'ailleurs.Voir une étoile filante grosse comme mon poing, aucun témoin sauf moi, un moment privilégié vraiment magnifique. Slalomer entre les crachats quand je traverse la fac de science, beurk. Être sensible au charme de l'inconnu de l'amphi E. Fonder une théorie convaincante quant à l'utilité de la languette sous les flamby avec sa coloc'. Se rendre compte que les dites "fournitures scolaires" se résument désormais à l'achat d'éponges et de produit vaisselle pour la maison. Penser à l'écriture d'un bouquin qui aurait un énorme succès ici : Paul Va' pour les Nuls. Désespérer à la vue de mon effaceur glissant de ma table et roulant sous les marches de l'amphi, irrécupérable. Découvrir que même le coeur arrêté, il est possible de vivre, handicapant mais réel. Me rendre compte de l'unitilité des phrases du genre "woua truc de dingue !". S'en vouloir de rester si bête et si sensible. Connaître la tragique histoire d'amour de Kafka et avoir peur que ça m'arrive. Se souvenir de ces instants magiques en leur compagnie, devenue rare. Entendre parler d'une fille qui me déteste et savoir ce qu'elle a balancé sur moi, chouette. Ecrire sans vraiment savoir pourquoi, juste des phrases, des mots qui s'entremêlent dans ma tête et qui ont besoin de surgir, de vivre elles aussi. Pleurer devant la fin de Friends, et pour un peu n'importe quoi en ce moment. Être enrhumée jusqu'à la moelle, très désagréable. S'enfuir sur le petit balcon pour se remplir les poumons de fumée nauséeuse. Perdre le goût de la lecture petit à petit, dommage. Regretter de ne pas voir l'Océan cet Hiver avec le mystérieux époux d'Halloween. Et finalement aimer que toutes ces choses ne mènent à rien mais restent uniques.*

lundi 14 décembre 2009

A deviner que tout est fragile / Découvrir que c'est trop difficile.

Il fait gris, et de plus en plus froid. Tout comme cette fameuse nuit blanche à Lyon, des étoiles dans nos yeux et si heureux paraît-il, extra-ordinaire. Les sorties sur le balcon se font monnaie courante, parce qu'il n'y a que ça de vrai, qu'à ces instants que j'ai la sensation d'exister, aux yeux invisibles du monde, mais j'y suis quand même. Je pensais que tout serait plus facile désormais mais encore une fois je m'étais trompée. Comme une fille naïve et loin d'être intouchable je me suis fais avoir, à mon plus grand regret. J'aime cette nouvelle vie ici, les sorties interminables le soir, celles qu'on dont on aimerait davantage profiter sans penser qu'elles ont une fin, celles qui nous rendent un sourire superficiel dû à cette pseudo-joie en bouteille, tellement artificielle, mais si jouissive au fond. Alors on s'abandonne à nos cavales nocturnes, au sentiment d'exister sur la scène du grand monde et dans les bras de ceux qui nous sont si chers.

Et je ne me lasserai jamais de ces musiques auxquelles je suis tant attachée aujourd'hui, elles qui m'ont tant apportées tout en me réduisant au néant. Je vis la drôle de sensation qu'elles ont été écrites pour moi, c'est égoïste et pourtant, que j'aime ça, m'abandonner à leurs sonorités, à sa voix mélancolique, à ces refrains envoûtants, tellement séduisants, charmeurs..

Et je ne verrais pas l'Océan cet Hiver, tant pis. J'aimerais tellement..trop de choses. Je finirai dévorer par des bergers-allemands dans mon appart' minuscule, on me découvrira quand les voisins se plaindront de l'odeur de cadavre qui règnera dans l'immeuble.

Miam, joli tableau.

C'est plaisant de se faire un tas d'idées et d'y croire malgré tout, malgré les réconforts et ce que les autres peuvent dire sur ses actes, je ne peux penser autrement que du bien. Même si tous les enfoirés de la planète venaient s'excuser et me saluer au détour d'un chemin, je leur sauterai dans les bras, car ils m'auront manqué, et que je les aime, bien qu'ils cultivent leur médiocrité à rester ainsi, à se plaire dans leur petit jeu. Oui je leur sauterai au cou, personne ne m'en empêchera parce que voilà, c'est comme ça, c'est ainsi, on ne se refait pas du matin pour le soir.

Sûrement que c'est ça se morfondre, ou se complaindre, je ne sais pas. Mais je sais par-dessus tout ce que cette nostalgie me réserve, associée à cette foutue mélancolie sans avenir, irremplaçable et nécessaire. "J'ai l'impression que tu t'éteins", comment le saurais-tu alors que tu vis si loin sans savoir clairement ce qui se déroule ici-bas ? Mais oui, comme dirait Joey : "J'vais te frapper et tu te demanderas qui a éteint la lumière !", exactement. Je ne peux m'empêcher d'y penser et ô combien je voudrais me débarrasser définitivement ce fardeau, de ce poids de solitude et de souvenirs. Je déteste être comme ça, et pourtant, je m'y plais. Etrange, non ?

Je me souviens que tu faisais, parfois comme si c'était vrai. Dîtes-moi quand elle reviendra, si elle me sent, si elle m'entend. Mais moi je suis fier de toi, oui moi je suis fier de toi et de tout ce que tu as fais, même rien d'extraordinaire. [...] J'espère qu'un jour tu te diras, qu'ils n'ont pas tous été comme ça. Mais quand tu te réveilleras, je t'emporterai dans mes bras. Mais moi je suis fier de toi, oui moi je suis fier de toi et de tout ce que tu as fais, même rien d'extraordinaire. Et bientôt tu verras, et bientôt tu sauras, que personne ne te remplacera, montre-moi quand tu reviendras. Maintenant tu le sais, maintenant tu le crois, comme je nous vis combien en vrai, jusqu'à te tenir comment j'aimais. Bientôt, sitôt, juste un signe de toi qui s'enfuit, je m'endors nos lèvres unies. Bientôt, sitôt, invisble en notre nuit, tu t'endors et tu nous oublies.*