lundi 22 mars 2010

- How to save a life.


4h du mat'. Seule à être encore debout, alors que les autres dorment tous, alors que les amis sont encore entrain de danser. Alors elle erre dans la maison comme un fantôme, ses pas, ses gestes, ses paroles, ses pensées sont dénués de logique et de sens. Mais elle avance quand même, comme si de rien n'était. Comme si elle n'avait pas commis une fois de plus ces erreurs, comme si elle n'avait pas bu une goutte. Alors elle est sortie dehors. L'air frais et la pluie viennent fouetter son visage aux joues enfantines. Elle avance un peu, ses pieds ne peuvent plus marcher, elle se stoppe et fond en larmes. C'est bon de sentir ces rigoles salées qui viennent épouser ses formes généreuses. Et là, pieds nus sur le sol humide, elle ne perçoit même pas le vent froid, ni le chien qui aboie à la lune, ni les fourmis qui lui grimpent sur les pieds, ni rien d'autres. L'idée ne lui vient pas qu'elle peut tomber malade, mais elle pourrait partir loin, s'enfuir, sans que personne ne le remarque. Finalement elle s'abandonne aux souvenirs et à la fumée magique, aussi libre que l'air. Là, à cet instant précis, la tête en vrac et l'esprit vagabond, elle se sent bien. Les larmes ne cessent plus, elle se sent ailleurs, et il n'y a que ça de vrai.
[...]
9h30 du mat'. La maison est silencieuse, les amis dorment, même les derniers rentrés. Elle se sent sale et lointaine. Elle n'a pas dormi, la tête lui tournait beaucoup trop pour que le sommeil lui vienne. Elle se lève tant bien que mal et essaie d'avancer dans le couloir. Celui-ci lui paraît interminable. Arrivée à la salle de bain, le miroir est inévitable. Et c'est un désastre. Les yeux cernés de bleu, les cheveux gras, la bouche pâteuse et le regard vide. Elle retire un à un ses vêtements, formant une flaque à ses pieds. Pas de mauvaise surprise, ni marques, ni griffures, tant mieux. Finalement une douche ne sera que bienvenue. L'eau froide lui coule sur les cheveux, même pas elle ne prend le temps de régler la température. Elle ne sent pas ces aiguilles glacées qui lui entrent une à une dans la peau. Elle ferme doucement les yeux et pourrait y rester des heures. Les regards des autres l'ont surveillé pour que la descente cesse. Mais une gorgée et c'est le déclin, inévitable et prévisible. Rien à faire.
[...]
12h15. Dans le train, la tête contre la vitre, de la musique dans les oreilles, elle tente de se souvenir. Mais elle ne voit que ces regards qui ont essayé de la sauver, de la repêcher, d'éviter la descente en piqué. Tout ce qu'elle a su hurler sous la lune est cette chanson : J'm'en fou / J'ai pas besoin de toi / Quelques soient les recours, les appels au secours, ne te retourne pas. Mais le regret est venu vicieusement prendre sa place, et la noyer de chagrin. Puis la nostalgie, le manque, la honte et la perte enfin.

Les 2h30 de retard pour rentrer à Montpellier ne sont rien par-rapport au reste. Et ce bruit, de cadavre que l'on écrase, de violence, les passagers ont tous sursauté, surpris, pris au dépourvu. Ce bruit-là me hante encore, constamment. C'était...il n'y a pas de mots assez forts pour décrire à quel point ce bruit sourd était violent.

Et des messages lointains d'un père à New-York, messages d'amour, une petite pensée. Mais je sais ce qui se cache derrière, une horrible déception. Tant pis hein. Puis voir son p'tit frère à la webcam, si naïf, si innocent, loin de tout ça, loin de savoir la vie que je mène mais qui est là, l'air de rien, si mignon, leurs sourires sont tellement importants. Ils ne le savent pas.


Photo is mine. Petit Blondinet en Corse, 2009.

dimanche 7 mars 2010

- Always lost in the sea.

Déjà la toute première fois je n'avais pas compris ce pincement dans l'estomac, les boyaux qui se tordaient, le mal que j'avais à déglutir et les yeux qui picotaient, rougissaient pour enfin donner naissance à de discrètes larmes sur mes joues rondes, silencieuses.

Et la deuxième fois voilà que j'en comprends l'effet, cette paix qui m'envahit et ce désir de se laisser aller, là où j'étais en sécurité, hors d'atteinte mais à l'abri dans un cocon des plus résistants, et des plus dangereux aussi.

Je veux encore, et encore, et encore, jusqu'à la noyade, l'évanouissement, l'abandon de corps et âme, je veux encore et encore me livrer au Grand Bleu.

Finalement, ça m'est égal que l'on pense que je suis un peu allumée, étourdie, rêveuse, naïve, car ce Jacques Mayol est un modèle, une part de moi-même projetée dans un miroir, terrifiant et à la fois apaisant. Cet univers bleu réveille en moi de drôles de choses, mais j'aime ça, par-dessus tout. Et tout comme lui, je voudrais bien y rester, moi aussi, au fond, à tout jamais envoûtée. C'est tout ce que j'ai.

- Tu descends au fond de la mer très loin, si loin que le bleu n'existe plus, là où le ciel n'est plus qu'un souvenir. Une fois que tu es là dans le silence, tu y restes et si tu décides que tu veux mourir pour elles, rester avec elles pour l'éternité . Alors elles viennent vers toi et jugent l'amour que tu leur portes. S'il est sincère, s'il est pur et si tu leur plais alors elles t'emmèneront pour toujours.


mardi 2 mars 2010

- Instead of makin' me better, you keep makin' me ill / You keep makin' me ill.

Un vélo a failli m'écraser alors qu'il était en tort, et je m'excuse. Alors qu'il m'a gueulé dessus injustement, j'ai murmuré un "désolé", inaudible. Mais encore une fois je m'agenouille et je présente mes plus plates excuses alors que je n'ai rien fait. C'est stupide. Je hais ça, c'est injuste.

Et les photos ne serviront à rien contre la lutte de la nostalgie, au contraire. Ce sont de faux souvenirs, des sourires superficiels du moment, rien de plus. Seulement des visages immobiles et réduis à tenir la même pose durant des années durant. Rien, rien, rien de plus. Alors cesse donc de les regarder !

Le poignet immobilisé pour des raisons mystérieuses, on se sent encore plus bête, surtout quand on sait pourquoi bordel.

When I can run just as fast as I can
To the middle of nowhere
To the middle of my frustrated fears
And I swear, You just like a pill.

En sortant du cinéma, je me suis dis que en fait, je suis beaucoup trop sensible aux petites choses pour exercer dans ce milieu, cela me sera un obstacle plus qu'une source d'inspiration. Alors que faire ? Dans quelle cour jouer ? C'est vrai que j'attache trop d'importance à ce qui peut me toucher, de près, comme de loin.

"J'ai découvert une fille extraordinaire quand elle est gaie mais quand elle revient à la réalité se limite, alors que même bourrée, elle est parfaite [...] Ne pleure plus devant les gens et fais tes choix !" M.