jeudi 5 août 2010

- A chaque fois que tu respires c'est comme un bout de tissu qui se déchire.

Te regarder dormir, paisible. Imprimer en moi, derrière mes yeux clos, les traits si doux de ton visage et le rythme régulier de ta respiration, rassurante. Je joue contre la montre, à contre temps, car celui-ci m'est compté finalement. Parce que les secondes en ta compagnie ne sont qu'éphémères, et même en le sachant, je n'arrive à profiter de ta tendresse et de tes baisers, au présent. Je m'imprègne entièrement de ton parfum enivrant, de l'odeur délicate de ta peau, du goût de tes lèvres, et du reste. Un été de premières fois. Premières virées à l'arrière d'un scooter, premières boîtes, premières soirées avec certains, première amourette vacancière, premières nuits ailleurs que sous le toit familial, premières JPS, premier whisky-coca sans mauvaises surprises, premières embrassades éméchées, premiers retours de soirées sur un deux roues sous les étoiles le vent dans les cheveux et les mains congelées. Et si la vraie vie ne se résumait qu'à ça finalement ? Si le reste n'était qu'illusion et que nos coeurs ne palpitaient réellement qu'aux rythmes des musiques enivrantes et des alcools en tout genre ? Ma vie est aussi simple que ça. Du bonheur à l'état pur, pire qu'une drogue, un rail, de l'héro, tout ça. Dix, quinze, cinquante, cent, mille, des milliards de fois mieux. L'épée de Damoclès me menace. Elle ne tardera à montrer le bout de sa lame, étincelante. D'ici une semaine, tout prendra fin. Les baisers volés et les autres bêtises passées sous silence. Parce que c'est comme ça. Pas avec moi. Et encore une dernière fois je t'en prie, laisse moi m'enrouler, m'emmitoufler, me camoufler, me protéger, me serrer, m'étouffer, au creux de tes bras, de ton odeur, jusqu'à l'écœurement, le coma, l'overdose. Nous ne sommes que des amants de soirées alcoolisées, des feux d'artifices et des explosions plein la tête. Mais quand le jour se lève, tout se dissipe. Ou presque. Vivons une ultime nuit sous tes draps, à partager nos sens et nos envies. Sentir nos doigts s'entrelacer, s'emmêler, se perdre, jusqu'à l'interdit, enfin.

*

Impossible de dormir avec une telle chaleur. Mon corps est moite et se colle à la moindre partielle de tissus. Désagréable sensation. Il est trop tôt. Trop tard. Je ne sais pas. Et à vrai dire, je ne l'ai jamais su. J'ai laissé le temps se faire maître de mes journées et de leur déroulement. Quel jour est-il donc ? Une vive impulsion a jeté mon unique calendrier dans la poubelle, accompagné violemment du même geste par tout objet insignifiant pouvant indiquer un quelconque horaire, un quelconque repère, temporel, spatial, ou autre s'il en existe. Ermite ? Folle ? Partiellement dérangée ? Dépressive ? Non non non, ce n'est rien de tout cela. Une lointaine rencontre revenue d'outre-tombe m' a tendrement rendu visite une nuit, il y a quelques jours à peine.

Un soir où il faisait doux, une présence m'a réveillé. Je sursautais une première fois. Elle était là, au pied de mon lit.

mardi 6 juillet 2010

- Cérémonia.

Minuit moins dix. Elle enjamba sans aucune difficulté le parapet, dernier obstacle à sa folie nocturne, compagne de tous les jours, de toutes les nuits. Plutôt de ses nuits, en fait. Ce désir d'évasion et cette mélancolie maladive étaient alors ses meilleures amies, ses confidentes, ses maîtres à penser. Elle portait son short noir et son haut violet, qu'elle aimait tant. Sûrement les ultimes choses pour lesquelles elle dépensa un peu d'affection.

Ses yeux bleus, vides et rougis des larmes incessantes, scrutaient l'horizon. Comme s'il y avait un quelconque espoir. Une échappatoire. Une sortie de secours. Ou encore une trappe dissimulée sous ses pieds nus, qui la ferait disparaître instantanément. Où ? A l'abri des regards, de la foule, des gens, et d'elle-même. Sa carapace contre le reste du monde n'était pas un bouclier assez puissant contre les cauchemars et les fantômes du passé ne cessant de la hanter.

On aurait pu croire que la funeste tragédie était déjà survenue, tellement sa peau était blanche. Elle faisait écho à la pleine lune, pâle. Comme si un peintre avait minutieusement désiré une harmonie des couleurs dans ce sombre paysage. Du clair-obscur. Très bien. Quoiqu'un peu sinistre pour une galerie d'art.

Elle ressemblait un peu à un ange, sculpté dans un seul morceau de pierre, immobile. En position de pénitence, un désir étrange et inexplicable d'être absous, pardonné de ses pêchés passés, présents et même futurs d'ailleurs.

Ses membres crispés par le froid ambiant ne montrèrent aucune résistance. Ils aurait dû. Qui sait, ils l'auraient peut-être sauvé. Tout au moins de sa bêtise si ce n'est de ces souvenirs invivables.

Elle cligna plusieurs fois des yeux et se redressa, affrontant en duel, la nuit, et ses pires démons. Peine perdue. Elle avait déjà essayé et se savait trop faible. Elle fronça les sourcils, forçant sa mémoire à recoller les morceaux dispersés, tellement loin. Rien. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle. La pile de vêtements sales ainsi que le cendrier débordant lui revinrent d'outre-tombe. Cela ne l'étonna guère. Elle serra les poings si fort que ses ongles lui griffèrent l'intérieur des mains. Ses dents grincèrent, de colère, de rage. Mais ses yeux, eux, ne voyaient que regret et peine. Fatigue et faiblesse. Impuissance et nostalgie. Déception et rancœur.

Et voilà qu'elle devint muette. Elle préférait se taire et hurler en silence plutôt que de rendre sourd son maigre entourage. Un vieil ami, auquel elle n'osait pas donner de nom, lui rendait alors visite tard le soir. C'est quand elle sentait la nausée déborder, de l'estomac aux bords des lèvres, et la réalité vaciller sous ses frêles jambes, qu'elle lui faisait appel. Souvent c'était quand même l'ombre elle-même qui venait en personne jusqu'à elle, par de sinueux chemins, parcourus maintenant à l'aveuglette. Il lui permettait de s'envoler loin, de ne plus toucher terre. D'enfin croire aux couleurs et à l'amour, à la confiance et au bonheur. Et ces soirs-là, on pouvait entendre ses rires résonner jusqu'au firmament. Jusqu'aux étoiles, et même plus loin encore. Son cœur battait pour de vrai, pompant joie et vie. Elle caressait tendrement le ciel du bout des doigts, pour de vrai. L'ami revint plusieurs fois par mois, puis par semaines, et enfin par soirées.

Ses bras lâchèrent le parapet, elle tenait en équilibre, du bout des pieds, au bord du vide. Le plus majestueux des funambules dira la voisine d'en face, derrière sa fenêtre. C'est les yeux fermés et un drôle de sourire aux lèvres qu'elle heurta le sol. Elle avait pourtant de grandes et gracieuses ailes tatouées dans le dos.




mardi 8 juin 2010

- Tonight gonna be the last night.

Parce que, à Montpellier-City, ce fut avant tout des rencontres, des sourires, de la bonne humeur, de la joie, et surtout, toujours de nouveaux visages...

Adrien et Tchoumi les Belges, Fabio - Luca - Lucas les Italiens, Pacôme, Sami, Sad, Olivier, Adrien, Léo, François, Alex, Paul, Yannick, "Kévin", Sylvestre, Cécile, Cécilia, celle de Lilles à la gaypride, l'inconnu à la casquette au Cargo, Mickaël, Paul, Gautier, Issa, Kévin, Louis, Alban, Corentin, Quentin, Justine, Morgane, Sophia, Marine, Mathilde, Laurie, Antoine, Nicolas, Olivier le trentenaire aux yeux bleus, Nicolàs, Antonio, Guillaume, Jo, Steve, Yohan, Corentin, Aman, Noé, Jonathan, Jérémy, Iban, Thomas, Cédric, Gaël, Mr Astruc, Kévin, Youssef, Olivier, Thomas, Francis, Sam, Thomas, Lila, Manon, Charlotte, Julie, Manon, Maxime, Karima, Solica, Rodolphe le serveur du Charlies, Mistery à la rentrée, l'inconnu qui comatait à l'arrêt de Tram, Anthony, Polyne, Nicolas, l'Allemand, Manou...Et BLABLABLA.

mardi 18 mai 2010

- Et hop, et hop, et hop.

Tu as raison, je suis amoureuse. Je suis amoureuse à sens unique. L'amoureuse perdue dans ses joues rougissantes. L'amoureuse cachée au fond de ses fossettes. La fausse menteuse.

Oui, les amours à sens unique sont les plus puissants.

-> C'est totalement hors-sujet, mais ça fait un bien fou d'exterioriser.

lundi 17 mai 2010

- 2H37.

Parce que, après tout, cela n'a plus aucun sens. On avance et puis voilà. Et puis j'me dis : combien de boîtes de maïs, de thon ou de sardines infâmes ai-je ingurgité ? Combien de soirées ai-je passé seule dans ma chambre moniale à attendre que les heures se déroulent, avec une cruelle mélancolie ? C'est normal tout ça.

Les premiers adieux aujourd'hui. Dire ces mots à des gens que l'on commençait à peine à connaître et qui s'en vont déjà ailleurs. "Oh mais pars pas à Paris, ça sera moins drôle sans toi !". Merci. C'est bien la première à avouer cela. Mais je sens déjà les liens se dissiper, se volatiliser. Comme si de rien n'était. Depuis toujours je déteste les fins. C'est inhumain, tout simplement. J'vais partir et personne ici ne verra la différence. Une de plus ou de moins, en quoi cela vous importe-t-il ? Pour vous, rien n'aura changer et ce sera la même chose. Finalement je fuis, encore, de nouveau. Tout comme je l'ai fais en partant à Montpellier. Je ne veux pas de racines, pas de pied-à-terre, aucune sûreté. Laisser en plan un tas de choses inachevées, des esquisses d'amitié, des questions sans réponses, des problèmes non résolus, des phrases oubliées..Parce que tout le monde aura oublié cette jeune fille aux allures d'artiste, un peu ronde, rêveuse, passant plus de temps ailleurs que sur la terre ferme, se gavant de films et de musiques jusqu'à l'overdose, absente (trop souvent), se dissimulant derrière un pauvre sourire sans conviction, si joyeuse quand l'alcool coule dans ses veines et si nostalgique les matins difficiles..Personne ne saura, n'a cherché à comprendre, à savoir, à connaître. Ou si peu. Que du vent. Je ne suis qu'une ombre, qui passe, qui n'était que de passage en ces lieux. Comme à mon habitude je me volatilise. Je ne reste jamais. Mon baluchon jeté sur une épaule, des clous en guise de semelle et j'avancerais au grès des chemins sinueux que je connais par coeur. Et puis regarder défiler des sourires et de la joie sur les photos et se dire que ce n'était qu'éphémère. Tenter de s'en convaincre malgré les émotions et les sentiments. Je ne suis que le miroir d'une autre que je ne connais pas encore, que je ne rencontrerais peut-être que dans un futur, lointain ou proche, si Dieu le veut, si Dieu a quelque chose à voir là-dedans.



S'en souvenir comme d'hier, décision prise sans préméditation, en discutant avec une copine et m'entendre dire "Moi de toutes façons j'me casse, j'monte à Paris. J'veux plus d'cette vie où jamais demain ne veut dire quelque chose". Une grande phrase à la con parmis tant d'autres. Mais en raccrochant me rendre compte que j'allais le faire. Pas des paroles en l'air. Remplir un sac de choses et d'autres sans importance, qu'est-ce qu'on enmène ? La gare, la queue au guichet et un billet de première classe alors que pas une tune... Pour le symbole, pour pas débarquer là-bas come une putain d'crevarde...

Je sens que tout recommence, que la petite fille m'abandonne de nouveau. Reviens. Personne ne m'en croyait capable. Auriez-vous oublié que j'adore relever les défis, même idiots ?

jeudi 13 mai 2010

- J'ai une autre maladie : j'écris.

Nostalgie ( ou "mal du pays") : est un sentiment comprenant souvent une mélancolie, accompagnée d'un envoûtement par rapport à des souvenirs. La plupart du temps, ce sentiment est provoqué suite à un manque d'une certaine époque que l'on a vécue et que l'on a apprécié vivre ou que l'on se plait bien à croire agréable a posteriori. Ce manque est souvent provoqué par la perte ou le rappel d'un de ces éléments passés.




- We're not cool / We're free.



JAMAIS TRISTES.
JAMAIS ÉGOÏSTES.


mardi 4 mai 2010

- Alice in Wonderland.










Il y a un endroit comme nulle part ailleurs. Un monde plein de merveilles, de mystères et de dangers.
On dit que pour y survivre il faut être complètement fou. Heureusement, je le suis.



- Cecilia. Simon & Garfunkel.

Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh, Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home

Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh, Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home
Come on home

Making love in the afternoon with Cecilia
Up in my bedroom (making love)
I got up to wash my face
When I come back to bed
Someone's taken my place

Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh, Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home
Come on home

Jubilation, she loves me again
I fall on the floor and I'm laughing
Jubilation, she loves me again
I fall on the floor and I'm laughing

vendredi 30 avril 2010

- Today it's raining.







J'veux pas qu'on s'épuise , a tout m'expliquer
Laissez-moi des surprises , laissez-moi rêver
Et m'enivrer de rires , et m'enivrer d'un rien
Je veux passer la vie , à n'être qu'un matin.






jeudi 29 avril 2010

- Happy End.

Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,
Faire taire les pianos et les roulements de tambour
Sortir le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors
Dessinent ces trois mots Il Est Mort,
Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices
Ganter de noir les mains des agents de police

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est, mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l'amour jamais ne finirait : j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye
Démonter la lune et le soleil
Vider l'océan, arracher les forêts
Car rien de bon ne peut advenir désormais.

Funeral Blues, de WH Auden.

mardi 27 avril 2010

- [...] I want to exorcise the demons from your past.


Cela commence par une haine de l'injustice, et de soi-même. Sortir de sa chambre et lui dire enfin tout ce que j'avais ruminé durant ces vacances. Un acteur de théâtre ne pouvait mieux connaître son texte que moi à cet instant. Je vivais toutes ces phrases que je lui jetais à la figure avec mépris et insolence surtout. Se moquer, c'est tellement facile. Tourner l'autre en dérision en le rendant ridicule, rien de plus simple finalement. Ah, vous disiez que je n'avais aucune répartie ? Perdu. J'ai utilisé un ton, un timbre de voix, de plus en plus agressif. Je hais l'injustice, simplement. Habituellement on ne trouve l'excellente répartie qu'une fois l'offensive passée et enterrée. On est déçu de ne pas l'avoir eu sur le bout des lèvres avant, car elle était poignante cette phrase-là ! "Ah si j'avais pu lui dire ça quand il était encore temps de lui en mettre plein la face !". Mais non. Les claques les plus mesquines, les plus cruelles, et les plus blessantes ne viennent qu'un moment après, alors que le feu est éteint et que les armes sont rengainées. Pas cette fois, pas après y avoir tant réfléchi. Mon texte était parfait. Pourquoi attendre un instant de plus ? Je m'y étais préparée, j'étais prête à l'affronter pour un grand final éclatant. Chose faite. Même après deux semaines de silence. Tant pis. Ce qui devait être dit l'est désormais, cartes sur table. Pas de gagnante, ni de perdante. Juste de la déception dans les deux clans. Et une impatience d'en terminer avec tout cela, de quitter ces lieux de discorde et de médisance, et partir, ailleurs, loin. Les gens sont horriblement décevants. Ou alors est-ce moi qui change de vision ? Je ne sais pas. Ce qui est certain, c'est que je hais l'injustice. Et apprendre de sa bouche que d'autres critiques se faisaient dans notre dos fut la cerise sur le gâteau. Je n'ai plus rien à faire ici.

Après on a eu cette sensation d'être au sommet de notre jeunesse et de notre liberté. On se serait cru dans une série américaine adolescente. Et ils m'ont fait rire, juste ce qu'il fallait. Sur cette pseudo-terrasse aménagée, un poil d'insouciance et un brin d'humour, cigarette au bec et interpellant les passants nocturnes qui nous souriaient discrètement. Il n'y a pas meilleur remède ici que je connaisse.

Puis se retrouver seule dans un amphi. Enfin pas seule à proprement parler puisque celui-ci était rempli. Mais c'est une sensation bien étrange qui naît au creux du ventre quand on se sent délaissé au milieu d'un espace plein de gens. Une rotation cervicale à gauche. Rien. Une rotation cervicale à droite. Toujours personne. Alors quand je vois ces "bandes", ces "groupes", qui se forment et qui ne se lâchent plus, blagues après blagues, rires après rires, soirées après soirées, jours après jours, je suis jalouse. J'ai toujours rêvé de faire partie d'une vraie bande, dans laquelle on aurait des surnoms, une façon de se saluer rien qu'à nous et des blagues que nous seules pourrions comprendre, basées sur des souvenirs de vacances, de soirées, de repas, en commun. Et pas uniquement des soirées hebdomadaires desquelles on ne se souvient finalement que très peu. Mon père ne m'ayant guère encourager dans la création des liens amicaux a très justement résumé mon sentiment et ma situation par cette simple phrase : "Maintenant tu te sens seule ? Mais ce sera toujours comme ça, il faudra que tu avances seule car tu ne peux compter que trop peu sur les autres".

Photo : vieux amis.

jeudi 1 avril 2010

- Je n'ai rien pour te faire rire, que ma bonne gueule ma foi.

Toutes ressemblances ou allusions avec des personnes, des dates, des lieux réels ne sont pas, au travers de ces lignes, de pures coïncidences.

C'est un récit à propos d'une connaissance.
Non, ce n'est pas exactement ça.
Alors c'est le récit d'un hasard.
Non, cela ne peut être uniquement le fruit du hasard.
Recommençons.
C'est un récit à propos d'un dialogue.
Pas seulement une affaire de discussion.
C'est alors un tour joué par destin.
Je ne crois pas au destin, trop fataliste comme idée.
Finalement, c'est le récit d'une rencontre, et uniquement cela.

*

Dans les mégalopoles il est rare de trouver assez de courage pour discuter avec des inconnus. Bêtement, nous avons, je crois, constamment peur de "déranger" les gens, par notre simple présence tout d'abord. Puis de les ennuyer. Et enfin de ne pas assez les intéresser pour qu'ils restent en notre innocente compagnie. Quels amis avons-nous ainsi jamais connus ? A côté de combien d'occasions d'élargir notre répertoire sommes-nous passés ? Qui sait. Pour une simple histoire de temps, de courage, et de mots.

*

Mais le récit de cette rencontre ne prend pas place dans une mégapole fourmillante de visages, où nous n'avons pas le choix d'être, au quotidien, noyé dans une foule respirant uniquement le mépris de la gente humaine, quelle qu'elle soit. Cette histoire se déroule dans une ville du Sud de la France. Vous savez très bien de quel lieu je peux parler, vous avez forcément une ou plusieurs idées derrière la tête. Oui, c'est bien là. Il m'est donc inutile de vous passer en revu cet accent si prononcé, ce soleil chatoyant, ces cigales mélodieuses et ces mœurs, si particulières, mais pour lesquelles n'importe quel être humain est naturellement fait. Ce n'était pas une rencontre programmé, différente de ce qui aurait pu être communément appelé "rendez-vous". C'était bien plus que cela. Et cela n'avait rien de commun ou de banal.

(à suivre...)

lundi 22 mars 2010

- How to save a life.


4h du mat'. Seule à être encore debout, alors que les autres dorment tous, alors que les amis sont encore entrain de danser. Alors elle erre dans la maison comme un fantôme, ses pas, ses gestes, ses paroles, ses pensées sont dénués de logique et de sens. Mais elle avance quand même, comme si de rien n'était. Comme si elle n'avait pas commis une fois de plus ces erreurs, comme si elle n'avait pas bu une goutte. Alors elle est sortie dehors. L'air frais et la pluie viennent fouetter son visage aux joues enfantines. Elle avance un peu, ses pieds ne peuvent plus marcher, elle se stoppe et fond en larmes. C'est bon de sentir ces rigoles salées qui viennent épouser ses formes généreuses. Et là, pieds nus sur le sol humide, elle ne perçoit même pas le vent froid, ni le chien qui aboie à la lune, ni les fourmis qui lui grimpent sur les pieds, ni rien d'autres. L'idée ne lui vient pas qu'elle peut tomber malade, mais elle pourrait partir loin, s'enfuir, sans que personne ne le remarque. Finalement elle s'abandonne aux souvenirs et à la fumée magique, aussi libre que l'air. Là, à cet instant précis, la tête en vrac et l'esprit vagabond, elle se sent bien. Les larmes ne cessent plus, elle se sent ailleurs, et il n'y a que ça de vrai.
[...]
9h30 du mat'. La maison est silencieuse, les amis dorment, même les derniers rentrés. Elle se sent sale et lointaine. Elle n'a pas dormi, la tête lui tournait beaucoup trop pour que le sommeil lui vienne. Elle se lève tant bien que mal et essaie d'avancer dans le couloir. Celui-ci lui paraît interminable. Arrivée à la salle de bain, le miroir est inévitable. Et c'est un désastre. Les yeux cernés de bleu, les cheveux gras, la bouche pâteuse et le regard vide. Elle retire un à un ses vêtements, formant une flaque à ses pieds. Pas de mauvaise surprise, ni marques, ni griffures, tant mieux. Finalement une douche ne sera que bienvenue. L'eau froide lui coule sur les cheveux, même pas elle ne prend le temps de régler la température. Elle ne sent pas ces aiguilles glacées qui lui entrent une à une dans la peau. Elle ferme doucement les yeux et pourrait y rester des heures. Les regards des autres l'ont surveillé pour que la descente cesse. Mais une gorgée et c'est le déclin, inévitable et prévisible. Rien à faire.
[...]
12h15. Dans le train, la tête contre la vitre, de la musique dans les oreilles, elle tente de se souvenir. Mais elle ne voit que ces regards qui ont essayé de la sauver, de la repêcher, d'éviter la descente en piqué. Tout ce qu'elle a su hurler sous la lune est cette chanson : J'm'en fou / J'ai pas besoin de toi / Quelques soient les recours, les appels au secours, ne te retourne pas. Mais le regret est venu vicieusement prendre sa place, et la noyer de chagrin. Puis la nostalgie, le manque, la honte et la perte enfin.

Les 2h30 de retard pour rentrer à Montpellier ne sont rien par-rapport au reste. Et ce bruit, de cadavre que l'on écrase, de violence, les passagers ont tous sursauté, surpris, pris au dépourvu. Ce bruit-là me hante encore, constamment. C'était...il n'y a pas de mots assez forts pour décrire à quel point ce bruit sourd était violent.

Et des messages lointains d'un père à New-York, messages d'amour, une petite pensée. Mais je sais ce qui se cache derrière, une horrible déception. Tant pis hein. Puis voir son p'tit frère à la webcam, si naïf, si innocent, loin de tout ça, loin de savoir la vie que je mène mais qui est là, l'air de rien, si mignon, leurs sourires sont tellement importants. Ils ne le savent pas.


Photo is mine. Petit Blondinet en Corse, 2009.

dimanche 7 mars 2010

- Always lost in the sea.

Déjà la toute première fois je n'avais pas compris ce pincement dans l'estomac, les boyaux qui se tordaient, le mal que j'avais à déglutir et les yeux qui picotaient, rougissaient pour enfin donner naissance à de discrètes larmes sur mes joues rondes, silencieuses.

Et la deuxième fois voilà que j'en comprends l'effet, cette paix qui m'envahit et ce désir de se laisser aller, là où j'étais en sécurité, hors d'atteinte mais à l'abri dans un cocon des plus résistants, et des plus dangereux aussi.

Je veux encore, et encore, et encore, jusqu'à la noyade, l'évanouissement, l'abandon de corps et âme, je veux encore et encore me livrer au Grand Bleu.

Finalement, ça m'est égal que l'on pense que je suis un peu allumée, étourdie, rêveuse, naïve, car ce Jacques Mayol est un modèle, une part de moi-même projetée dans un miroir, terrifiant et à la fois apaisant. Cet univers bleu réveille en moi de drôles de choses, mais j'aime ça, par-dessus tout. Et tout comme lui, je voudrais bien y rester, moi aussi, au fond, à tout jamais envoûtée. C'est tout ce que j'ai.

- Tu descends au fond de la mer très loin, si loin que le bleu n'existe plus, là où le ciel n'est plus qu'un souvenir. Une fois que tu es là dans le silence, tu y restes et si tu décides que tu veux mourir pour elles, rester avec elles pour l'éternité . Alors elles viennent vers toi et jugent l'amour que tu leur portes. S'il est sincère, s'il est pur et si tu leur plais alors elles t'emmèneront pour toujours.


mardi 2 mars 2010

- Instead of makin' me better, you keep makin' me ill / You keep makin' me ill.

Un vélo a failli m'écraser alors qu'il était en tort, et je m'excuse. Alors qu'il m'a gueulé dessus injustement, j'ai murmuré un "désolé", inaudible. Mais encore une fois je m'agenouille et je présente mes plus plates excuses alors que je n'ai rien fait. C'est stupide. Je hais ça, c'est injuste.

Et les photos ne serviront à rien contre la lutte de la nostalgie, au contraire. Ce sont de faux souvenirs, des sourires superficiels du moment, rien de plus. Seulement des visages immobiles et réduis à tenir la même pose durant des années durant. Rien, rien, rien de plus. Alors cesse donc de les regarder !

Le poignet immobilisé pour des raisons mystérieuses, on se sent encore plus bête, surtout quand on sait pourquoi bordel.

When I can run just as fast as I can
To the middle of nowhere
To the middle of my frustrated fears
And I swear, You just like a pill.

En sortant du cinéma, je me suis dis que en fait, je suis beaucoup trop sensible aux petites choses pour exercer dans ce milieu, cela me sera un obstacle plus qu'une source d'inspiration. Alors que faire ? Dans quelle cour jouer ? C'est vrai que j'attache trop d'importance à ce qui peut me toucher, de près, comme de loin.

"J'ai découvert une fille extraordinaire quand elle est gaie mais quand elle revient à la réalité se limite, alors que même bourrée, elle est parfaite [...] Ne pleure plus devant les gens et fais tes choix !" M.

samedi 27 février 2010

- Manger quedal et écouter Barbara.



Sous les faux-sourires et les accolades superficielles, on s'effondre en mille morceaux, dans un fracas assourdissant et silencieux, pour ne déranger personne, ça serait déplacé et ô combien honteux de se faire ramasser par les Autres, à la louche.

mardi 23 février 2010

- Pardonne moi je m'égare mais tout me fait peur ce soir.

Et maintenant voilà que j'ai le bras recouvert de résine bleue, j'ai mal et je craque, bon sang ! Moi qui déteste être assistée ou prisonnière, Jackpot. Oui ça pourrait être pire. Y'a toujours pire, bien sûr. Mais quelle idiote. C'est bien fait pour moi, je crois. Dans le noir, si tard le soir, personne n'a vu que je n'étais pas réellement moi. Finalement, quoi de plus normal que de chuter quand on a les jambes qui flageollent ? Moi je le sais maintenant. Que cela me serve de leçon ? Une entorse (et la forte probabilité d'un os cassé) ne me raisonnera pas. Je ne vois pas en quoi cela serait une justice pour me faire cesser. Point Barre.

J'en ai marre d'être sans cesse désolée pour tout, je le reconnais oui, mais je suis comme ça et je ne peux rien y faire. C'est un moyen de se défendre, de se protéger, je ne sais pas. Malheureusement je m'en mords les doigts, la langue, je n'aurais pas dû parler. Et toutes les discussions prévues, j'aurais pu dire un tas d'autres choses moins gênantes, moins pesantes...Il a fallu que ça sorte... Je me sens tellement honteuse. Je n'ose plus, rien.

samedi 20 février 2010

- Life in Technicolor.

Chut, chut, chut, je ne dirais plus le moindre traître mot.

vendredi 19 février 2010

- To light the shadows on your face.

Je retrouve Montélimar, mon chez-moi et tout ce que cela entraîne. Les journées passées entre ma disparition du net à faire le sous-marin, entre les lignes bienfaitrices d'un livre ou parmi des notes plus ou moins musicales. Et bien sûr les soirées sur le sol de la salle de bain, à se cacher, à s'enterrer, à chercher des solutions d'évasion, d'une manière ou d'une autre. J'ai l'impression de revenir une année plus tôt, au point de départ. C'est ridicule. Mais j'y suis, j'y reste.

On verra bien combien de temps je tiens la tête sous l'eau, le souffle coupé.

mardi 16 février 2010

- Leave out all the rest.

Il y a pleins de choses dans notre tête. [...] Il y a la musique et les écrivains. Des chemins, des mains, des tanières. Des bouts d'étoiles filantes recopiés sur des reçus de carte bleue, des pages arrachées, des souvenirs heureux et des souvenirs affreux. Des chansons, des refrains sur le bout de nos langues. Des messages archivés, des livres massues, des oursons à la guimauve et des disques rayés. Notre enfance, nos solitudes, nos premiers émois et nos projets d'avenir. Toutes ces heures de guet et toutes ces portes tenues. Les flip-flap de Buster Keaton. La lettre d'Armand Robin à la Gestapo et le bélier des nuages de Michel Leiris. La scène où Clint Eastwood se retourne en disant Oh...and don't kid yourself Fransesca...et celle où Nicola Carati soutient ses malades suppliciés au procès de leur bourreau. Les bals du 14 juillet à Villiers. L'odeur des coings dans la cave. Nos grands-parents, le sabre de Monsieur Racine, sa cuirasse luisante, nos fantasmes de provinciaux et nos veilles d'examen. L'imperméable de Mam'zelle Jeanne quand elle monte derrière Gaston sur sa moto. Les passagers du vent de François Bourgeon et les premières lignes du livre d'André Gorz à sa femme que Lola m'a lues hier soir au téléphone alors que nous venions encore de saquer l'amour pendant une plombe : "Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable." [...] L'odeur de la poussière et de pain sec des chevaux, le soir quand nous descendions du car. [...] La tête de Simon quand il a entendu Björk pour la première fois de sa vie et Monteverdi sur le parking du Macumba.

Toutes ces bêtises, tous ces remords, et nos bulles de savon à l'enterrement du parrain de Lola...
Nos amours perdues, nos lettres déchirées et nos amis au téléphone. Ces nuits mémorables, cette manie de toujours tout déménager et celui ou celle que nous bousculerons demain en courant après un autobus qui ne nous aura pas attendu.

Tout ça et plus encore.
Assez pour ne pas s'abîmer l'âme.
Assez pour ne pas essayer de discuter avec les abrutis.
Qu'ils crèvent.
Ils crèveront de toute façon.
Ils crèveront seuls pendant que nous serons au cinéma.

Voilà ce qu'on se dit pour se consoler de n'être partis ce jour-là.

On se rappelle aussi que tout ça, cette apparente indifférence, cette discrétion, cette faiblesse aussi, c'est la faute de nos parents.
De leur faute, ou grâce à eux.
Parce que ce sont eux qui nous ont appris les livres et la musique. Ce sont eux qui nous ont parlé d'autre chose et qui nous ont forcé à voir autrement. Plus haut, plus loin. Mais ce sont eux aussi qui ont oublié de nous donner la confiance. Ils pensaient que ça viendrait tout seul. Que nous étions un peu doués pour la vie et que les compliments gâcheraient l'ego.
Rien.
Ça n'est jamais venu.
Et maintenant nous sommes là.
Sublimes toquards. Silencieux face aux excités avec nos coups d'éclat manqués et notre vague envie de vomir.
Trop de crème pâtissière peut-être...


Anna Gavalda, L'échappée belle.

lundi 15 février 2010

- Vous m'ferez 10 lignes.

Depuis tout petit déjà, Sylvain entretenait une drôle de passion : celle d'ouvrir les portes. Une fois qu'il sut courir avant de marcher, Sylvain se précipitait dans l'entrée quand il entendait les trois petits coups portés sur la porte en bois, et prononçait avec une jouissance sans nom ces quelques mots, qui furent ses premiers : "Y'a quelqu'un ?". Ainsi ce petit plaisir le poursuivit tout au long de sa vie, si bien qu'il devint portier dans un grand hôtel. Il prenait un bonheur fou à ouvrir les portes devant les clients et à prononcer ses mots fétiches. Sylvain y mettait un ton bien particulier, chargé de charisme et d'élégance. Mais un jour, Sylvain eut un malaise et tous pensèrent que sa fin était malheureusement venue. Alors que le fossoyeur rebouchait énergiquement la tombe, Sylvain, croyant que l'on frappait à l'entrée, prononça ses derniers mots : "Y'a quelqu'un ?". Encore aujourd'hui on peut entendre son souffle provenant des bas-fonds, ne demandant désespérément qu'une seule chose : qu'on lui ouvre la porte.

*

« Ya quelqu’un ? »
Non, il n’y avait personne, évidemment. Les personnes présentes avaient été surprises de le voir taper ainsi à la porte. Il avait l’habitude de toquer, par pur politesse, par timidité et par peur d’une cruelle erreur. Son TOC gênait souvent les gens, car il était très inhabituel et assez déplacé. Ceci dit, il préférait vérifier. La naissance de son TOC remontait à une décennie environ. Un jour qu’il avait toqué accidentellement, quelqu’un lui avait répondu, et cela avait déclenché quelque chose dans son esprit. Il avait eu peur, c’est certain. Et cette peur lui avait laissé des stigmates profondément ancrées dans son cœur. Ce phénomène aurait touché n’importe qui. Il passa à la porte suivante, aujourd’hui, c’était une famille nombreuse.
« Ya quelqu’un ? »
Non, il n’y avait personne, évidemment. Il avait pris l’habitude de toquer aux portes des cercueils.
(Artémis)

dimanche 14 février 2010

- Et même si t'as encore envie de pleurer, et même si t'as encore envie de te tailler la peau [...] Parle moi.

On était fous, on était forts, on riait de tout, même de la mort.

Je suis finalement angoissée d'écrire ici, vaut mieux arrêter, ce n'est pas une bonne idée de s'exposer en ce lieu. Même si c'est plus lâche, je préfère m'absenter, creuser un trou profond et tout jeter dedans, même si je ne parviens pas à le boucher de mes propres mains tant pis, c'est mieux comme ça.

Parfois on a la sensation qu'une chanson est écrite pour nous, la voilà : http://www.youtube.com/watch?v=3ozJ7jRtOos&feature=related. Tout y est dit, ou presque. Comme si je me voyais de l'extérieur en laissant ses mots me hanter.

Alors si t'as encore envie de pleurer, et si tu veux tomber à genoux pour prier, je prierai avec toi ces dieux que je déteste, pour que tu restes, pour que tu restes, pour que tu restes.

Non le ciel ne me tombe pas sur la tête, non je ne suis pas une petite fille malheureuse mais oui par-contre je suis bien trop sensible, nostalgique et mélancolique. Alors peut-être que j'attache trop d'importances aux évènements, et qu'ils me rendent malade malgré moi, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Je n'aime pas ça.

Et puis cette gamine qui grandit trop vite à mon goût, j'ai peur pour elle, ça ne me rassure pas de la voir prendre le large aussi vite alors que moi-même je suis toujours aussi terrifiée de sauter dans le vide. Je m'inquiète mais je ne peux rien faire à part la laisser filer entre mes doigts.

En discutant avec une amie, la réalité me frappe en pleine face, quelle idiote j'ai été bon sang ! On ne devrait pas autant s'attacher, pourtant quelque part, il le fallait je crois. Mais je ne veux pas, je ne veux pas tomber aussi bas que ces années-là. Mon humeur est la pire des montagnes russes, c'est infernal à vivre. Tout peut basculer d'une seconde à l'autre, sans que je maîtrise quelque chose. Je déteste ça. Mais je la vois arriver, maligne et sournoise, doucement, elle se profile à l'horizon, la garce. C'est injuste. Je ne devrais pas, mais c'est comme ça. Je m'excuse une centième fois s'il le faut, ça ne sera même pas assez. J'en ai besoin, c'est devenu presque une drogue, une drogue bien sanglante finalement. Je hais ça, c'est plus fort que moi, c'est la seule éclaircie que j'ai trouvé, même si vous ne la comprenez pas, tant pis. Je baisse les bras, incapable, et je me laisse aller à cette bienfaitrice qui fait naître les larmes et les cicatrices. Stop. Mais pas de quoi s'affoler ou s'inquiéter, rien n'est devenu plus normal aujourd'hui. Désolé.

Pardonne-moi si je m'égare mais tout me fait peur ce soir, le temps d'apprendre, le temps d'aimer, faut tout rendre, tout laisser. A qui tu vas faire croire que t'es au bout d'la route, que tu lâches, que tu doutes, que ton corps te dégoûtes, pas à moi. J'entends ton cœur qui bat, c'est plus fort, plus fort que ça. Lâche pas, t'es plus fort que ça, pars pas, pars pas.

- Stop breathing if I don't see you anymore.

"J'ai humanisé mon âme. J'ai permis aux autres. Je leur ai promis. J'ai ris à leurs cotés. J'ai aimé mes proches. J'ai détesté les autres. J'ai admiré des personnes. J'ai rêvé. ...Je me suis plainte. J'ai vécu et survécu. J'ai pardonné. J'ai souhaité leur bonheur. J'ai accepté. J'ai ressemblé. J'ai soupiré. J'ai crié en silence. J'ai fait semblant de les aimé. Je n'ai pas tenu mes promesses. J'ai fait semblant. J'ai détesté le monde. J'ai envié des personnes. J'ai cauchemardé. Je me suis tus. J'ai écouté le silence. J'ai observé. J'ai aimé. J'ai regretté. Et J'en est tiré une morale. Pour s'accorder le droit d'être heureux, il faut avoir connu l'enfer. Les autres, c'est l'enfer. Ce sont les autres, nos problèmes."

Vestiges de blogs traînants sur une toile usée.

- And you know, you know, you know.

Et ce soir, enfin en ce début de nouvelle journée, revenant d'une bonne soirée avec un ami, sur le chemin du retour, je réalisais à nouveau autre chose. Dans quel mur je me suis plantée pendant tout ce temps. Et voilà que ça me pendait au nez. Bizarre, nan, vraiment, c'est bizarre ce chaud au creux du ventre en ce moment. Inexplicable par de simples mots. Alors comment ...?

Pendant longtemps je n'avais plus fait de somnambulisme et désormais chaque soir, j'ai peur de me coucher et de récidiver, de me réveiller en sueurs, ou de me retrouver au sol. Parce que ça avait cessé depuis l'internat et voilà qu'ici ça me reprend. Tout est lié, c'est forcé et je n'aime pas ça.

samedi 13 février 2010

- I'm the hero of the story, I don't need to be saved.

Alors que je viens de finir un film extra et d'apprendre par cœur les paroles d'une chanson de Nickelback dans le seul but de casser les oreilles de mes amis, quelque chose d'étrange vient de se passer. C'est déstabilisant, vraiment. Je n'ai aucune envie de dormir et je ne cesse d'y penser, c'est horrible. Avoir des insomnies à cause de ça, voilà bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Mais en discutant avec une amie cette après-midi, j'ai vraiment réalisé ce que je vivais. Un tas de choses se bousculent, et dans une tête de linotte comme la mienne, ça en fait du grabuge ! Jamais de silences, jamais. Quand ce n'est pas de la musique dans les oreilles, c'est des idées, saugrenues oui, des pensées agréables ou non, des restes qui ne veulent pas me quitter, des souvenirs qui me hantent, des sentiments qui me surpassent. Tout ça à la fois, ou pas, ça ne fait pas bon ménage. C'est tout. C'est un peu trop. Trop lourd, trop chargé, ça me dépasse. Et mes frêles épaules sont fragiles après les évènements qui ont pu se dérouler, comme si ce n'était pas assez.

Mais ce soir, une sensation inexplicable m'envahit, que je n'avais pas perçue depuis un moment déjà.
Je me sens vivante, et ça fait bizarre, mine de rien.

lundi 8 février 2010

- Personne ne voit et ne s'aperçoit de ce qui m'attend.




Et j'essaie, j'essaie mais je n'y arrive pas.


Ridicule reste le seul mot que j'arrive encore à prononcer.

dimanche 7 février 2010

- Miracle Drug.

Le silence est pesant, meurtrier, mélancolique, sombre, morne, monotone, destructeur, morose, nostalgique, dangereux, omniprésent, bizarre, angoissant, inqualifiable, amical, solitaire, frissonnant, dévoué, lourd, vide, pensif, source de création, éloquent, manipulateur, atemporel, sacré...et pourtant une solution si facile.

samedi 6 février 2010

- Et nous n'avons plus rien à risquer, à part nos vies qu'on laisse de côté.

Help, I have done it again
I have been here many times before
Hurt myself again today
And, the worst part is there's no-one else to blame

Be my friend
Hold me, wrap me up
Unfold me
I am small
I'm needy
Warm me up
And breathe me

Ouch I have lost myself again
Lost myself and I have nowhere to be found,
Yeah I think that I might break
I've lost myself again and I feel unsafe

Be my friend
Hold me, wrap me up
Unfold me
I am small
I'm needy
Warm me up
And breathe me.

Be my friend
Hold me, wrap me up
Unfold me
I am small
I'm needy
Warm me up
And breathe me.

- Parler du bon temps qui est mort et qui r'viendra.

Mon p'tit passager clandestin,

Ne crois pas une seconde que le suivant te remplace, ô grand jamais ! Tu es parti trop tôt, mais un autre ne fait que prendre sa place, pas TA place. Une grande, grosse, énorme, surprise vois-tu. J'ai remarqué le même regard de détresses dans les yeux de ma sœur, de la joie dans ceux du moyen, et une drôle d'expression dans ceux du dernier. Comme si lui seul se rendait compte de la situation, il ne sera plus le petit dernier mais il gagne la fierté de devenir grand frère.C'est étrange. Tu serais déjà né aujourd'hui, tu aurais un prénom, ta place, ta chambre, et ton avenir à tes pieds..Les autres sont trop jeunes pour réellement comprendre, ne les blâme pas, moi je pense à toi. Pas besoin de t'en dire plus, tu sais tout ce qu'il se passe ici. Tu fais parti de la famille et personne ne viendra te remplacer, je ne le permettrai pas. Je joue peut-être un peu trop à la petite maman avec les frangins, mais je veux..je ne le sais même pas.

Merci.


Étrange.

Elle panique
A l’idée d’en faire trop
De vieillir prématurément
Elle panique
A l’idée d’être de trop
Ou de s’ennuyer un instant

Elle a peur que tu t’en ailles
Peur de tes représailles
Elle a peur pour son p’tit frère

[...]

Elle flippe qu’on ne l’aime plus

Elle balise de s’aimer un jour
Ça pressure, ça la tue
Ça lessive dans son tambour

Elle veut pas finir seule et moche
Elle veut qu’on s’inquiète pour elle

Elle panique.

Tout est bizarre.

Il faut que je cesse d'écrire ici, c'est le drôle de miroir de n'importe quoi et d'un tas de choses insensées, rien de plus. Alors je disparais de la circulation virtuelle, tant pis. Cela n'a aucune utilité, aucun bienfait, stop, bien que je sois tout de même étonnée du passage de certain ici..

FIN.

jeudi 4 février 2010

- The shadow of the day / Will embrace the world in grey.

La gentille petite fille aux allures innocentes dues à des soit-disant principes religieux, qui lève la main sur un grand imbécile. Elle qui voulait justement qu'on lui remette les idées en place, exécuté par un inconnu, c'est étrange. Et douloureux. Ce n'est pas seulement ses idées mais elle toute entière qu'il a remis à sa place. "Grande gueule", à fleur de peau, impulsivité maladive, têtue et bagarreuse..Il est tombé sur la mauvaise personne, le mauvais soir. Au lieu de l'ignorer, y tenir tête n'était pas la meilleure solution. Je ne m'excuserais jamais assez envers ceux qui m'ont soutenu, d'avoir crée toutes ces embrouilles et d'avoir été si ridicule. L'alcool et mon sale caractère n'ont rien arrangé.

When my time comes /Forget the wrong that I've done /Help me leave behind some/Reasons to be missed/And don't resent me/And when you're feeling empty/Keep me in your memory/Leave out all the rest.

J'abandonne, je laisse tomber, une nouvelle fois. Désolé. Je pensais en avoir terminé.

samedi 30 janvier 2010

- Et regarder la vie tant qu'y'en a.

La danse des souvenirs est bien macabre.

J'abandonne. Point.

mercredi 27 janvier 2010

- Et si ce soir, j'ai pas envie de rentrer chez moi ?

Un blog uniquement dédié aux critiques de cinéma, en tant qu'amateur évidemment -> http://www.critiquedecine.blogspot.com/

dimanche 24 janvier 2010

- Tes parents auront peur de moi, enlève toi !















Les poissons ne pleurent pas, ou alors ça n' se voit pas.
Peut-être nagent-ils dans leurs larmes, c'est un chagrin qui a du charme.









lundi 18 janvier 2010

- Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants.


Alors que tout le monde huait "Remboursez !" et "Ooooh nan allez vas-y là !" durant le petit, infime, minuscule problème technique qu'a rencontré le projectionniste durant la diffusion d'Invictus, ma tête ne désirait crier qu'une seule chose "Donnez nous la suite s'il vous plaît, c'est tout ce que ces gens demandent poliment !", car pour rien au monde j'aurais arrêté le film lorsque Matt Damon entre dans le stade pour le match final. Cela aurait été trop bête et si injuste ! Même en sachant la fin (je ne vous le cache pas, l'Afrique du Sud gagne le match contre la Nouvelle-Zélande, mais peu importe, là n'est pas le climax du récit..), je voulais encore et encore boire ce flot d'images, avaler goulûment cette musique aux accents africains, et que ces frissons me parcourant le corps à la seule vue d'une foule acclamant les champions de la Coupe du monde de rugby, ne cessent jamais, jamais, jamais..J'avais la chair de poule, ça en est quasi-terrifiant desfois. Mon souffle se coupe, mon coeur bat la chamade, mes poils se hérissent et des frissons me parcourent entièrement. Comme certains ressentiraient ces symptômes avant de sauter à l'élastique, quand ils deviennent parents, quand ils sont amoureux, avant un examen ou en croisant le regard d'une personne éblouissante, moi je les subis en visionnant tout bêtement un film. Je pense que ce n'est pas une maladie incurable, l'hyper-sensibilité doit bien se soigner..

Je suis contente, quand j'entends du bruit dans le couloir, de fuir mon cocon meurtrier et de me mêler à de vraies personnes, bien réelles, pas uniquement des personnages de fictions, aussi sympathiques soient-ils bien sûr. J'aime les discussions avec mon coloc'. Bien que je l'appelle à 5h du matin en ayant un peu bu, il ne m'en veut pas et on continue de parler cinéma jusqu'à ne plus avoir de salive en réserve. Il me parle de lui, de sa copine, de son école d'art, de ses doutes, et j'aime l'écouter, il me fait rire et durant un court instant, j'en oublie mes peines, mes larmes et mes excursions sur le petit balcon enfumé. On parle, on partage nos ressentis par-rapport à tel ou tel film, à cette scène-là plus qu'à une autre. C'est bon.

Et ce soir, tout est si étrange. Un timide sourire vient éclairer mon visage apeuré, pas de larmes, pas de cris intérieurs, seule de la musique, quelques rires devant une série américaine et un peu de fumée, évidemment. Une fois de plus je réécoute Tabarly de Yann Tiersen parce que cette musique uniquement m'aide à trouver les mots justes, elle est synonyme d'un océan orageux, de vagues immenses, destructrices, se déferlant sur une côte innocente et tranquille. Elle évoque une mer déchaînée, les bourrasques de l'ouragan, l'indécision d'une eau agitée et meurtrière, le voyage, la fuite, l'impossibilité..Toutes ces choses qui sont miroir de mon esprit en ces instants. Je n'entends plus seulement le tapotitapotac du clavier, mais ces accords de piano, violons, orchestrés à merveille, raisonnant à la perfection avec chacun de mes mots, bien que je n'y connaisse absolument rien au solfège, cela m'enchante et me berce tendrement, sereinement, c'est étrange mais bienvenu, je crois.

Et la nouvelle venue d'un enfant, c'est bizarre. Je ne parviens pas à m'y faire. Qu'est-ce j'aurais à lui raconter ? 19 ans d'écart avec..Il/elle jouera avec mes gamins pendant les vacances, dans ma petite maison alors que j'aurais déjà un mari (qui sait..) et un petit quotidien déjà bien plan-plan..Je ne peux y croire ou m'y faire..



A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d' pieds pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures

- Invictus.


Out of the night that covers me,

Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbow'd.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.


William Ernest Henley, 1875.

vendredi 15 janvier 2010

- Dis moi ce que t'as à perdre ? Rien !


Les gens m'appellent C.R.A.F.T : Can't Remember A Fucking Thing.


Aujourd'hui c'était Mr Nobody avec le charmant Jared Leto. Un excellent moment de rêve, où on plane loin de tout, on laisse en entrant dans la salle nos soucis, nos prises de tête, et on se laisse enfin aller, en compagnie d'une masse de spectateurs inconnus, avides d'ailleurs, tout comme moi. Alors on s'abandonne aux musiques, aux couleurs, à cette incompréhension, aux récits entremêlés, complexes, à la beauté, à la poésie de la voix off, ces phrases qui me restent en mémoire, malgré moi. Un melting-pot de films déjà vus : un peu de Big Fish, de 2046, de Little Miss Sunshine, un soupçon de L'effet papillon aussi. Mais tous mixés, ces films sont encore plus délicieux. Jared Leto, rôle qui le change d'un toxico ou du frère d'un trafiquant d'armes, et son regard d'un bleu translucide, dérangeant parfois, forment à eux deux un duo d'exception, dans une fable tout à fait capillotractée dont on ne ressort pas indemme. Magique. En gros, un gamin est sur le quai d'une gare et il doit choisir entre partir avec sa mère ou rester avec son père. Le simple fait de devoir choisir le tue à petit feu, alors il décide de ne jamais rien choisir. Le film est le miroir des vies qu'il aurait vécues s'il avait fait d'infimes choix au cours de sa vie, depuis cet épisode de la gare. Touchant. Réaliste. Le meilleur coup aux échecs est celui de ne pas jouer. Exact.

Après la séance, dans le tram, j'avais cette sensation d'être perdue, de ne pas être à ma place. Anna me ressemblait tellement...Un tas de choses m'a traversé l'esprit : les rencontres tout d'abord. L'inconnu dans le tram, Léo, David, les deux filles qui ne nous ont finalement pas suivis, l'époux d'Halloween, cette drôle de fille à la fac, Paul, Pascal, Hugo, les anglaises, Sami, Sad du scooter, Manou, Grégoire (ou Grégory, je ne sais plus mais il m'a sauvé du coma..je ne l'ai jamais remercié..), un tas de personne..C'est étrange le souvenir qu'on peut en garder et le désir interdit de vouloir les recroiser rien qu'une fois, et se permettre enfin de croire au hasard sans que cela soit totalement idiot.

Puis je repensais aussi à cette soirée hier. Un seul mot : imbécile.

Y'avait aussi ce que j'ai dis à Alban, ce que je rêvais de faire un jour : danser sur l'aile d'un avion comme dans le clip d'O-Zone, tourner une scène de film où il faudrait que je crise et que je casse tout autour de moi, se faire passer pour une autre devant les gens avec des pancartes qui attendent aux aéroports..etc etc.

J'ai appris à faire semblant, à me mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne rien dire, quand elle pleure sur mon épaule pour la même raison qui me pousse à m'enfermer et à écrire encore et encore dans le carnet orange. A l'heure qu'il est, je réalise enfin ce qui va arriver, on n'aura pas le choix plus longtemps. C'est comme ça, pardonne moi si je fais un faux pas..

Quand on retient sa respiration, le temps stoppe sa course. Et je me consume à l'image et à la même vitesse que les cendres rougeâtres dont j'inhale la fumée nauséeuse. Doucement, lentement mais sûrement..Et ce rêve étrange hier soir, je tremblais, pire qu'une feuille mais je ne pouvais bouger aucun de mes membres de ma propre volonté. Je ne sais toujours pas si cela a été réellement un rêve ou non..Je me suis écroulée par-terre, tombant de mon lit, hésitant à crier, appeler à l'aide, et c'est cette personne en premier qui m'est venue à l'idée de prévenir. Crise de somnambulisme, je ne sais pas. Mais en me levant ce matin, j'étais terrifiée. Cette nuit-là j'ai cru mourir. Ce n'était pas un rêve, cela s'est réellement passé.

L'unique chose que je maîtrise encore pas trop mal aujourd'hui est la suivante : mon silence.

samedi 9 janvier 2010

- Allez vidons nos bières pour les voleurs des rues / Finir tous dans la terre mon Dieu quel déconvenu.


Elle avait un don. Elle arrivait à faire un film de sa propre vie et à regarder de l'extérieur les évènements se dérouler. Mais ce n'était pas elle dans le film. C'était une jeune fille qui lui ressemblait traits pour traits. Etait-elle cette fugueuse qui partait avec tous ces biens dans un vieux sac à dos éminé ou était-ce le fantasme de sa propre fugue en autostop sur une route déserte ? Un camion ralentie, dont les feux avants révélèrent la jeune fille. Mais après l'avoir regardé, le conducteur accéléra et s'enfuit à toute vitesse. La poussière qui vola était si opaque que la jeune fille toussa violemment, ce qui l'empêcha d'avoir le plaisir de l'injurier.


[I know who killed me]

(Neige.)

Parfois on se coupe, c'est la vie.

jeudi 7 janvier 2010

- Si tu ne m'avais pas fait faux bond, tu aurais fini mes chansons.

Du haut de ses huit ans c'est lui qui approuve "C'est beau les souvenirs non ?!", comme une certitude, une évidence, une logique implacable. Alors j'ai souris bêtement à ce gamin, encore trop jeune pour tout comprendre, lui qui n'a pas encore appris à acquiescer quoi qu'il arrive, à rire juste quand il le faut. Je l'ai regardé tendrement ce p'tit frère blondinet et je lui ai répondu un énorme mensonge, en chuchotant presque : "Oui, ils ne peuvent être que beaux les souvenirs". Et comme le font les enfants, ils nous regardent avec de grands yeux écarquillés, le temps d'assimiler (ou pas) notre jolie phrase (ou comprennent-ils l'énormité du mensonge ?), puis passent si rapidement à autre chose. Quelle chance ils ont. Et le second qui pense déjà aux filles et qui les juge physiquement, si elles sont blondes, brunes, rousses..à dix ans. En même temps, je m'aperçois qu'on ne grandit pas tant que ça, les pots de crême deviennent des engins volants, on se cuisine des tartines de gruyère-moutarde et on reproduit le dessin animé La route d'Eldorado dans son intégrale avec seulement les répliques et les chansons.

Puis le lendemain cette vieille rencontre ne me souhaitant que du bonheur, espérant que je réussisse et se souvenant d'un insignifiant détail "Au brevet tu m'as dis - Quand je commence à écrire, je ne peux pas m'arrêter ! - ça je m'en souviens tu vois, ça m'a vraiment marqué." Et hop il a disparu aussi vite qu'il avait surgit de nulle part. Comme pour me rappeler à l'ordre.

Et je n'ai goût qu'à ces petites choses auxquelles les gens ne font attention qu'à partir du moment où il y a un groupe Facebook qui se crée pour en parler, et là ils font "Ah ouai c'est vrai ça !", "Ah pas bête !", "Oh j'y avais jamais pensé !". Je ne les blâme pas, je ne suis pas une justicière.

Alors en ce moment, ma petite vie se résume à ces quelques titres : The Holiday, Sleepers, V pour Vendetta, Cinema Paradisio, The Wicker man pour les films, David Bowie, Indochine, U2, The Corrs, Tryo, Maxime Le Forestier, JJG, Raphael pour rythmer mes journées & Un début à Paris, le journal de Che Guevara, Tim Burton par Tim Burton, Hitchcock/Truffaut pour m'évader.

lundi 4 janvier 2010

- Et je sais je fume trop, Au Café je meure tous les jours.

Cinema Paradisio, avec la tendre présence du regretté Philippe Noiret. Dans le simple titre tout est dit. J'ai ris et pleuré comme une enfant devant ce film tout bonnement touchant, une ode à la nostalgie, à l'amitié, et au cinéma, en tant qu'art et divertissement. C'est poétique, tout bêtement. Et en le voyant, certains sentiments délaissés ces derniers temps m'ont submergé. Oui je vis au travers de personnages fictifs et d'histoires toutes aussi invraisemblables ou irréalistes. Et pourtant, je n'attache qu'une réelle importance à ce ressenti-là, cette sensation si chaleureuse qui me prend aux entrailles quand je m'émerveille devant une pellicule, dans une salle de cinéma, devant ma télévision ou sur mon ordinateur. Tant qu'il y a des images, un récit envoûtant, des gens attachants, ça me suffis. Et je ne vivrai que de cela, de poésie, d'écriture et de cinéma. Finalement c'est évident. Malgré la peur de mes parents ou de mes proches face à ce milieu difficile d'atteinte, j'en vivrai, car je n'ai que ça. Sinon j'arrête tout maintenant, rien n'aurait plus d'importance sans ce qui fait battre mon coeur la chamade pour de vrai. Enfin je ne me mens pas. Littérature, musique, film, voilà un bien plaisant cocktail, quoi demander de plus ? Oui le "refuge de l'imagination est un endroit bien dangereux", mais il n'y a qu'au creux de cette avalanche de sentiments que je me plais, que je vis, réellement. Peu importe si la réalité y est déformée, je me préparerai à l'affronter en temps voulu, c'est tellement plus facile ailleurs, de se réfugier, se cacher, hors d'atteinte. "Certains vont voir un psy, d'autres font du cinéma" clame Tim Burton. Je ne m'allongerai dans un divan que pour découvrir encore et encore de nouvelles formes de poésie, jamais dans un autre but. Tout simplement. C'est idiot et si idéaliste, quelle enfant je fais. Le syndrome de Peter Pan ne me laissera donc jamais ? Goûter aux petits bonheurs et s'en réjouir alors que tant de personnes grandissent et n'y prêtent plus attention. Je ne grandirai pas, même si on m'étire tous les membres. Point final.

Je vais te raconter une histoire, assieds toi. Un soir un roi donna une grande fête où toutes les princesses du royaume furent conviées. Un soldat qui montait la garde voit passer devant lui la fille du roi, dont il tombe immédiatement amoureux. Lui déclarant sa flamme, lui avouant que sans elle il n'est rien, la jeune fille est impressionnée de son courage et émerveillée de cet aveux touchant, si rare quand il est sincère. Elle lui fait promettre d'attendre sous sa fenêtre sans bouger pendant 100 jours et elle sera à lui. Le soldat va chercher une chaise et s'installe sous le balcon de sa bien-aimée. Les jours passent, le tonnerre peut gronder, la pluie tomber, le soleil taper, il ne bouge pas. Elle vérifie tous les jours qu'il est bien là, il ne bouge pas. Les gens flânent à ses côtés, le temps passe mais il demeure immobile. Les oiseaux peuvent même lui chier dessus qu'il ne bouge pas ! Il maigrit à vue d'oeil, épuisé, toutes ses forces l'ont quitté, il pleure même de faiblesse. A l'aube du 99ème jour, il prend sa chaise et s'en va. Ne me demande pas pourquoi petit, je ne sais pas.

Alors je me nourris de musiques et de mots, et ça me va. Clandestinement à la fenêtre, mes membres tremblent, j'écoute Goldman, une larme coule doucement sur ma joue un peu ronde, mais j'aime ça. Les filles aux yeux bleus sont les pires, quoi que l'on fasse on ne restera que leurs amis. Les hommes aussi, ce n'est pas nouveau. Et ce soir-là je me suis livrée, bêtement, tant pis. Quoi que..je le regrette quand même beaucoup. Je ne veux tellement pas que les choses changent, elles étaient si biens, si simples ainsi. Mais je sais que, si les évènements doivent se dérouler comme je les pressens, alors ça empirera. Je les supplierai de m'abandonner dans un coin pour vivre leur petit bonheur, après tout il paraît que l'on doit être heureux du sourire de ses amis. Facile à dire. Ce sera le cas, bien sûr, mais ce sera dur à surmonter, je m'y prépare déjà.

Je ne veux plus t'entendre parler, seulement entendre parler de toi. Comme cela serait facile de prononcer ces mots et de puiser la force nécessaire pour se détacher, oublier, accepter une distance et s'y tenir. Alors oui j'ai écouté et traduit les paroles de la chanson Help! des Beatles, et j'ai bien compris ce que tu tentais de me dire, qu'on avance pas tout seul, qu'il faut parler, se confier aux autres pour laisser derrière soi toutes ces choses qui nous courbent le dos. Mais je ne parlerai pas de moi, non. J'ai si honte. Peut-être devrais-je être davantage brusquée par ce genre de conversation, je ne sais pas.

Ce que pensent les gens de toi, tu t'en fais une montagne effrayante tout simplement parce que tu fais en sorte que personne ne puisse percer la carapace.
Exactement. Et il faut une sacrée hache pour la percer cette carapace, crois-moi.

samedi 2 janvier 2010

- It's something you can lose.

> On New Year's day.

De vagues souvenirs, trop vagues pour dire que j'en ai autant profité. Mais c'était BON. Tellement bon de voir ces gens que j'aime tant réunis ensemble, de plus chez moi. Les sourires, la musique, les embrassades, les accolades, cette joie en bouteille, partagée et finalement plus vraie que nature. Enfin pouvoir baisser les bras et lâcher tout ce qui me pesait sur le dos, se laisser aller, insouciante, inconsciente, rire pour un rien, danser, boire, fumer un peu aussi, profiter à fond de ces personnes-là. Trop de mots pour rien, impossible que ceux-ci soient assez minutieux, assez justes pour décrire le Bonheur d'hier & le sentiment d'abandon et la morosité d'aujourd'hui. Les lendemains sont invivables, je suis encore Hier et j'aime cela, beaucoup trop.

Le lendemain de la Nostalgie souriante et du regret aussi. Terrible peur d'en avoir trop dis, trop fait ou de ne pas avoir justement profité du fait d'avoir enfin une excuse pour cracher toutes ces choses qui m'empêchent de respirer. Je ne joue pas la comédie, je ne sais pas, je ne me souviens plus. J'espère être excusée et quelque peu comprise aussi.

We used to say that we were brother and sister / We used to think nothing was every bitter [...] We used to play all the games where no one's the winner / Today I break my promises.

C'est surtout cette pitoyable excuse du Nouvel An pour avoir fait ça, minable.