jeudi 5 août 2010

- A chaque fois que tu respires c'est comme un bout de tissu qui se déchire.

Te regarder dormir, paisible. Imprimer en moi, derrière mes yeux clos, les traits si doux de ton visage et le rythme régulier de ta respiration, rassurante. Je joue contre la montre, à contre temps, car celui-ci m'est compté finalement. Parce que les secondes en ta compagnie ne sont qu'éphémères, et même en le sachant, je n'arrive à profiter de ta tendresse et de tes baisers, au présent. Je m'imprègne entièrement de ton parfum enivrant, de l'odeur délicate de ta peau, du goût de tes lèvres, et du reste. Un été de premières fois. Premières virées à l'arrière d'un scooter, premières boîtes, premières soirées avec certains, première amourette vacancière, premières nuits ailleurs que sous le toit familial, premières JPS, premier whisky-coca sans mauvaises surprises, premières embrassades éméchées, premiers retours de soirées sur un deux roues sous les étoiles le vent dans les cheveux et les mains congelées. Et si la vraie vie ne se résumait qu'à ça finalement ? Si le reste n'était qu'illusion et que nos coeurs ne palpitaient réellement qu'aux rythmes des musiques enivrantes et des alcools en tout genre ? Ma vie est aussi simple que ça. Du bonheur à l'état pur, pire qu'une drogue, un rail, de l'héro, tout ça. Dix, quinze, cinquante, cent, mille, des milliards de fois mieux. L'épée de Damoclès me menace. Elle ne tardera à montrer le bout de sa lame, étincelante. D'ici une semaine, tout prendra fin. Les baisers volés et les autres bêtises passées sous silence. Parce que c'est comme ça. Pas avec moi. Et encore une dernière fois je t'en prie, laisse moi m'enrouler, m'emmitoufler, me camoufler, me protéger, me serrer, m'étouffer, au creux de tes bras, de ton odeur, jusqu'à l'écœurement, le coma, l'overdose. Nous ne sommes que des amants de soirées alcoolisées, des feux d'artifices et des explosions plein la tête. Mais quand le jour se lève, tout se dissipe. Ou presque. Vivons une ultime nuit sous tes draps, à partager nos sens et nos envies. Sentir nos doigts s'entrelacer, s'emmêler, se perdre, jusqu'à l'interdit, enfin.

*

Impossible de dormir avec une telle chaleur. Mon corps est moite et se colle à la moindre partielle de tissus. Désagréable sensation. Il est trop tôt. Trop tard. Je ne sais pas. Et à vrai dire, je ne l'ai jamais su. J'ai laissé le temps se faire maître de mes journées et de leur déroulement. Quel jour est-il donc ? Une vive impulsion a jeté mon unique calendrier dans la poubelle, accompagné violemment du même geste par tout objet insignifiant pouvant indiquer un quelconque horaire, un quelconque repère, temporel, spatial, ou autre s'il en existe. Ermite ? Folle ? Partiellement dérangée ? Dépressive ? Non non non, ce n'est rien de tout cela. Une lointaine rencontre revenue d'outre-tombe m' a tendrement rendu visite une nuit, il y a quelques jours à peine.

Un soir où il faisait doux, une présence m'a réveillé. Je sursautais une première fois. Elle était là, au pied de mon lit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire