lundi 18 janvier 2010

- Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants.


Alors que tout le monde huait "Remboursez !" et "Ooooh nan allez vas-y là !" durant le petit, infime, minuscule problème technique qu'a rencontré le projectionniste durant la diffusion d'Invictus, ma tête ne désirait crier qu'une seule chose "Donnez nous la suite s'il vous plaît, c'est tout ce que ces gens demandent poliment !", car pour rien au monde j'aurais arrêté le film lorsque Matt Damon entre dans le stade pour le match final. Cela aurait été trop bête et si injuste ! Même en sachant la fin (je ne vous le cache pas, l'Afrique du Sud gagne le match contre la Nouvelle-Zélande, mais peu importe, là n'est pas le climax du récit..), je voulais encore et encore boire ce flot d'images, avaler goulûment cette musique aux accents africains, et que ces frissons me parcourant le corps à la seule vue d'une foule acclamant les champions de la Coupe du monde de rugby, ne cessent jamais, jamais, jamais..J'avais la chair de poule, ça en est quasi-terrifiant desfois. Mon souffle se coupe, mon coeur bat la chamade, mes poils se hérissent et des frissons me parcourent entièrement. Comme certains ressentiraient ces symptômes avant de sauter à l'élastique, quand ils deviennent parents, quand ils sont amoureux, avant un examen ou en croisant le regard d'une personne éblouissante, moi je les subis en visionnant tout bêtement un film. Je pense que ce n'est pas une maladie incurable, l'hyper-sensibilité doit bien se soigner..

Je suis contente, quand j'entends du bruit dans le couloir, de fuir mon cocon meurtrier et de me mêler à de vraies personnes, bien réelles, pas uniquement des personnages de fictions, aussi sympathiques soient-ils bien sûr. J'aime les discussions avec mon coloc'. Bien que je l'appelle à 5h du matin en ayant un peu bu, il ne m'en veut pas et on continue de parler cinéma jusqu'à ne plus avoir de salive en réserve. Il me parle de lui, de sa copine, de son école d'art, de ses doutes, et j'aime l'écouter, il me fait rire et durant un court instant, j'en oublie mes peines, mes larmes et mes excursions sur le petit balcon enfumé. On parle, on partage nos ressentis par-rapport à tel ou tel film, à cette scène-là plus qu'à une autre. C'est bon.

Et ce soir, tout est si étrange. Un timide sourire vient éclairer mon visage apeuré, pas de larmes, pas de cris intérieurs, seule de la musique, quelques rires devant une série américaine et un peu de fumée, évidemment. Une fois de plus je réécoute Tabarly de Yann Tiersen parce que cette musique uniquement m'aide à trouver les mots justes, elle est synonyme d'un océan orageux, de vagues immenses, destructrices, se déferlant sur une côte innocente et tranquille. Elle évoque une mer déchaînée, les bourrasques de l'ouragan, l'indécision d'une eau agitée et meurtrière, le voyage, la fuite, l'impossibilité..Toutes ces choses qui sont miroir de mon esprit en ces instants. Je n'entends plus seulement le tapotitapotac du clavier, mais ces accords de piano, violons, orchestrés à merveille, raisonnant à la perfection avec chacun de mes mots, bien que je n'y connaisse absolument rien au solfège, cela m'enchante et me berce tendrement, sereinement, c'est étrange mais bienvenu, je crois.

Et la nouvelle venue d'un enfant, c'est bizarre. Je ne parviens pas à m'y faire. Qu'est-ce j'aurais à lui raconter ? 19 ans d'écart avec..Il/elle jouera avec mes gamins pendant les vacances, dans ma petite maison alors que j'aurais déjà un mari (qui sait..) et un petit quotidien déjà bien plan-plan..Je ne peux y croire ou m'y faire..



A m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Te parler du bon temps qu'est mort ou qui r'viendra
En serrant dans ma main tes p'tits doigts
Pis donner à bouffer à des pigeons idiots
Leur filer des coups d' pieds pour de faux
Et entendre ton rire qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir mes blessures

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